Dès 1920, il avait vendu plus de 1,5 million de ses Tempoint, mais aussi 12 millions de porte-mines Ever-Sharp, prenant ainsi la première place sur le marché, devant Waterman et Parker. Lorsque DuPont, le spécialiste des matières plastiques, lança sa pyroxyline (celluloïd), et qu’il fut possible de remplacer le caoutchouc rigide, Wahl eut à nouveau l’opportunité de se retrouver en tête des fabricants de stylos d’Amérique, du moins pour un temps. Le sceau en or que l’on apposa à partir de 1929 sur le capuchon, en signe de garantie illimitée, mais aussi la bille, transforma les produits Wahl en chouchous des consommateurs ; cet engouement se renforça encore avec le lancement, en 1931, du Doric, une série en douze volets comportant des stylos dont la forme s’inspirait des colonnes doriques de la Grèce antique.
En 1941, la maison Eversharp (le nom avait changé en 1940), à savoir le Skyline, des stylos à qui on avait donné une forme sortant complètement de l’ordinaire, et qui permirent à la marque de doubler son chiffre d’affaires en l’espace d’un an.
En 1945, l’avenir aurait pu sourire encore bien plus longtemps à Eversharp, s’il n’avait racheté les droits exclusifs de Birô, l’inventeur du stylo bille, s’associant pour les besoins de la cause à Eberhard Faber. En effet, juste avant que le stylo bille Capillary-Action, amélioré par Eversharp à grand renfort de capitaux, ne sorte sur le marché, Milton Reynolds lança son Stratopen, un stylo bille assemblé de façon plus simple ; les Américains lui firent un excellent accueil. Ne voulant pas se laisser distancer, Eversharp se précipita immédiatement dans la mêlée en sortant son stylo bille Birô, un produit qui n’avait pas encore fait ses preuves. Le résultat fut à ce point désastreux, que la maison Eversharp ne put échapper à un dépôt de bilan imminent qu’en mettant à profit les bénéfices croissants de sa filiale, le fabricant de rasoirs Schick; en 1957, l’un des concurrents en lice, Parker racheta le département stylos d’Eversharp, et comme les pertes ne cessaient de croître, elle cessa, en 1959, d’écouler la marque.
Extrait de « La Culture de l’écrit »
BARBRO GARENFELD et DIETMAR GEYER
Aux Editions H.F. ULLMANN